Une association plaide pour l’enseignement de la parenté à plaisanterie dans les écoles
Alors que le Burkina Faso traverse une période marquée par la crise sécuritaire, certains acteurs continuent de croire en la force des valeurs traditionnelles pour restaurer la paix et le vivre-ensemble. Parmi eux, Abdoul Rahim BAGUIAN, jeune passionné, amoureux de la parenté à plaisanterie et président de l’association Parenté à plaisanterie Yarga-Peul-Forgeron, se bat pour redonner vie à cette pratique séculaire. Pour lui, la parenté à plaisanterie n’est pas qu’un simple héritage culturel : c’est une arme puissante de cohésion sociale qui mérite d’être enseignée dès l’école.
Dans cet entretien accordé à Infos24 le samedi 11 octobre 2025, il revient sur la genèse de l’association, ses ambitions, les défis rencontrés et son Appel aux autorités pour la valorisation de la parenté à plaisanterie.
Pouvez-vous nous présenter l’Association Parenté à plaisanterie Yarga-Peul-Forgeron et les raisons qui ont motivé sa création ?
C’est une association qui relie trois communautés : les Yarga, les Peuls et les Forgerons. Elle prône la parenté à plaisanterie.
Aujourd’hui, la parenté à plaisanterie traverse une période difficile, pour ne pas dire qu’elle est en train de s’effondrer. Beaucoup de gens ignorent sa véritable valeur. Nous avons donc commencé par les réseaux sociaux afin de redynamiser la parenté à plaisanterie et permettre à la nouvelle génération de s’épanouir à travers elle. Notre objectif est aussi d’éviter que cette belle tradition ne disparaisse.
Quels sont les principaux objectifs que poursuit votre association ?
Nous souhaitons donner de la voix auprès des autorités pour qu’elles intègrent la parenté à plaisanterie dans les écoles, afin que les enfants comprennent qu’elle est un facteur de paix et de cohésion sociale.
Quelle est votre vision à long terme pour l’association, et quelle place occupe la parenté à plaisanterie dans la cohésion sociale aujourd’hui ?
Notre vision est que toutes les communautés vivant au Burkina Faso puissent réellement prendre en compte la parenté à plaisanterie. Nous souhaitons également que les autorités institutionnalisent des journées dédiées à la parenté à plaisanterie pour rassembler les différentes alliances existantes.
Dans le contexte actuel de notre pays, la parenté à plaisanterie constitue une véritable arme pour la paix et la cohésion sociale. J’ai grandi avec cette tradition. Nos parents nous ont appris qu’il ne faut jamais se battre avec son parent à plaisanterie. Cette éducation a eu un grand impact sur notre manière de vivre ensemble et de lutter contre la stigmatisation.
Au Burkina Faso, toutes les ethnies ont des alliances de parenté à plaisanterie. C’est donc un puissant levier pour renforcer la cohésion sociale.
Quelles sont les actions déjà menées par l’association depuis sa création ?
Depuis la création de l’association, nous avons mené plusieurs actions. Nous avons offert des vivres aux personnes déplacées internes. Nous avons également collecté des dons pour soutenir nos forces combattantes en leur remettant une enveloppe.
À l’occasion du deuxième anniversaire de l’association, nous avons offert des fournitures scolaires aux élèves déplacés internes et fait don d’une tonne de ciment à Faso Mêbo.
Quels sont les projets ou activités que vous envisagez de réaliser dans les prochains mois ou années ?
Nous prévoyons d’installer des bureaux de l’association dans d’autres localités du pays. L’objectif est d’avoir une présence sur tout le territoire afin de mieux promouvoir la parenté à plaisanterie.
Nous envisageons également d’organiser une caravane de sensibilisation sur l’importance de la parenté à plaisanterie dans le contexte actuel.
Quelle est la procédure pour adhérer à votre association ?
Pour adhérer à notre association, il faut d’abord être fier de son appartenance ethnique et aimer sa communauté. L’adhésion ne doit pas être motivée par des intérêts personnels.
L’adhérent peut être un membre simple ou un membre officiel. Pour devenir membre officiel, il faut verser une somme de 2000 F CFA pour obtenir une carte de membre, renouvelable tous les cinq ans.
Quelles difficultés ou défis rencontrez-vous dans la mise en œuvre de vos actions ?
Nous rencontrons plusieurs difficultés. La première, c’est le manque de moyens et de soutien. Ensuite, il n’est pas toujours facile de mobiliser des volontaires pour nos activités. Les actions que nous menons reposent essentiellement sur les cotisations des membres actifs.
Nous faisons aussi face à un autre problème : certaines personnes adhèrent à l’association pour leurs propres intérêts, pensant qu’il y a de l’argent à distribuer, ou pour d’autres raisons personnelles. Mais avec le temps, nous espérons surmonter ces obstacles.
Quel message souhaiteriez-vous adresser aux populations et aux partenaires potentiels concernant l’importance de votre association et de la parenté à plaisanterie en général ?
Je lance un appel à la population burkinabè, à nos partenaires et aux autorités pour qu’ils prennent en compte la parenté à plaisanterie. Elle est un facteur clé de cohésion sociale.
Toutes les communautés du Burkina Faso ont leur alliance. Il faut soutenir les associations comme la nôtre, financièrement, moralement et physiquement, afin que nous puissions promouvoir le vivre-ensemble à travers la parenté à plaisanterie.
Nos grands-parents ont su préserver cette tradition, c’est maintenant à notre tour de la renforcer et de la transmettre aux générations futures.
Enfin, j’appelle les autorités à s’impliquer davantage aux côtés des associations comme la nôtre, qui œuvrent pour la paix. J’invite aussi les trois communautés qui composent notre association à s’intéresser davantage à cette initiative, car beaucoup de pays envient le Burkina Faso grâce à la richesse de la parenté à plaisanterie.