Levée de la suspension de l’exportation de la noix brute de cajou : "Une décision salutaire pour les commerçants", selon Mouni OUEDRAOGO
La récente levée par le gouvernement burkinabè de la suspension de l’exportation de la noix brute de cajou le 20 mai 2025, suscite des réactions positives dans le monde des affaires. Mouni OUEDRAOGO, président de l’association Réveil Citoyen, salue une décision salvatrice pour les commerçants et appelle à une concertation plus large entre l’État et les acteurs de la filière pour éviter les crises futures.
Infos24: Quelle est votre réaction suite à la levée de la suspension de l’exportation de la noix brute de cajou ?
Mouni OUEDRAOGO: Nous, commerçants, accueillons cette décision du gouvernement avec un grand soulagement. La suspension risquait de compromettre nos activités et de porter un sérieux coup à nos affaires. Sa levée est donc une très bonne nouvelle pour nous.
Les commerçants et producteurs ont-ils été affectés par cette suspension ?
Tous ceux que je connais en ont souffert. La noix brute de cajou ne se conserve pas longtemps sans risque de détérioration. Beaucoup avaient constitué des stocks, certains avaient même déjà perçu de l'argent de leurs clients en vue de leur livrer la marchandise. La décision de suspension est intervenue brusquement, mettant tout cela en péril.
Le gouvernement a pourtant justifié cette mesure par la nécessité de ravitailler le marché local. Qu’en pensez-vous ?
Il y a un proverbe moaga qui dit : "Sag rouk paalé ka tar sakonté yé", ce qui signifie qu’il faut se préparer avant d’entreprendre une action. Les usines qui se sont installées au Burkina Faso auraient dû analyser le marché et planifier l’approvisionnement en matières premières. Elles devaient acheter dans des conditions qui ne pénalisent pas les producteurs, notamment sur les prix.
Y a-t-il un risque de voir la noix brute de cajou à nouveau manquer sur le marché local ?
Actuellement, je ne le pense pas. Les principaux acheteurs étaient des clients indiens et chinois. Depuis la suspension, ils se sont retirés du marché, et je crois que les usines locales ont eu le temps de se constituer des stocks suffisants.
Et si le gouvernement décidait à nouveau de suspendre les exportations ?
Nous prions pour que cela n’arrive plus. Une telle décision ne devrait jamais être prise sans consulter les producteurs et les autres acteurs de la filière. Lorsqu’une décision tombe sans préavis, c’est toute une chaîne qui est bouleversée. Dans notre association, nous comptons de nombreux producteurs. Lorsqu’un client nous contacte, nous devons d'abord confirmer la disponibilité du produit. Si le gouvernement envisage de revenir sur sa décision, il est indispensable qu’il consulte l’ensemble des acteurs, au lieu de tenir compte uniquement des intérêts d’une minorité.
Qu’attendez-vous du gouvernement pour mieux protéger les acteurs du secteur informel dans cette filière ?
Il est nécessaire de mettre en place un cadre de concertation entre l’État et les différents acteurs de la filière, afin de favoriser les échanges d’idées. Il faudrait aussi soutenir les producteurs dans l’aménagement de grandes superficies pour la culture de l’anacarde et d'autres espèces.
Quel message souhaitez-vous adresser aux autorités après cette levée de suspension ?
Nous saluons la vision du Chef de l’État, le Capitaine Ibrahim TRAORÉ. Tous les acteurs doivent se mobiliser pour atteindre l’autosuffisance alimentaire. Nous exhortons le gouvernement à toujours prendre des décisions qui profitent à l’ensemble des Burkinabè.