Burkina Faso: La création de Faso Yaar va soulager les Burkinabè, mais la dette intérieure demeure un obstacle majeur pour les entreprises.
Mouni OUEDRAOGO, président de l'association Réveil Citoyen, une organisation de la société civile regroupant des acteurs de l'économie informelle s’est exprimé sur la création de Faso Yaar et la dette intérieure du Burkina Faso, dans cette interview réalisée le 17 avril 2025.
Infos24 : Le 9 avril 2025, le Gouvernement burkinabè a adopté en Conseil des ministres un décret portant création d’une société d’État d’approvisionnement et de distribution de produits de grande consommation, dénommée Faso Yaar. Quelle est votre appréciation de cette décision ?
Mouni OUEDRAOGO : Nous remercions d’abord les autorités pour cette décision pleine de clairvoyance. Nous espérons vivement que cette initiative soit durable. Il est important que la population comprenne que la mise en place de Faso Yaar n’est pas une action contre les commerçants ou les entrepreneurs. Au contraire, elle vise à faciliter la vie des Burkinabè.
À l’heure actuelle, le coût de la vie est élevé. En cette période de crise, de nombreuses personnes peinent à joindre les deux bouts. Alors que nous devrions faire preuve de solidarité, certains commerçants profitent de la situation pour augmenter les prix des produits de première nécessité dans le seul but d’augmenter leurs marges.
Face à cela, la création de Faso Yaar est une décision salutaire. Nous en sommes très heureux.
Infos24 : Selon vous, Faso Yaar pourra-t-elle contribuer efficacement au contrôle des prix des produits de grande consommation ?
M. OUEDRAOGO : Nous sommes optimistes. Il est essentiel que le gouvernement parvienne à implanter Faso Yaar dans les 13 régions du pays, ainsi que dans toutes les provinces et localités. Si cela est fait, nous pensons que cela apportera un véritable soulagement à la population en matière d’approvisionnement en produits de première nécessité.
Infos24 : Quel sera, à votre avis, l’impact de la création de Faso Yaar sur les commerçants locaux ?
M. OUEDRAOGO : Nous pensons que cette décision va inciter les commerçants à plus de modération. Nous profitons de l’occasion pour les inviter à revoir à la baisse les prix des produits de première nécessité et à ne pas abuser de la situation. Ils ne doivent pas chercher à faire une concurrence déloyale à Faso Yaar, car ceux qui s’y risqueraient pourraient perdre leur clientèle.
Infos24 : Revenons un peu en arrière. Pouvez-vous nous expliquer comment Faso Yaar, qui existait déjà sous la Révolution d’août 1983, avait contribué à soulager les Burkinabè à l’époque ?
M. OUEDRAOGO : Effectivement, sous la Révolution d’août 1983, Faso Yaar existait et la population en a largement profité. C’était une initiative très avantageuse pour les Burkinabè. À l’époque, les commerçants étaient obligés de revoir leurs prix à la baisse, car les clients préféraient se tourner vers Faso Yaar.
Cela avait entraîné une saine concurrence, et certains commerçants allaient jusqu’à proposer la livraison à domicile pour fidéliser leur clientèle. C’était donc un système bénéfique pour tous.
Infos24 : Quel message souhaitez-vous adresser aux autorités concernant la dette intérieure, qui affecte le fonctionnement de nombreuses entreprises nationales ?
M. OUEDRAOGO : La dette intérieure constitue une réelle préoccupation, notamment pour les commerçants et les entrepreneurs. Actuellement, beaucoup souffrent de cette situation.
Nous demandons au gouvernement, et particulièrement au président du Faso, le capitaine Ibrahim TRAORÉ, d’examiner attentivement cette question afin de soulager les entreprises qui ont exécuté des marchés et celles qui sont en cours d’exécution mais peinent à les finaliser en raison de difficultés financières.
Cette situation freine l’activité économique. Plusieurs entreprises accusent des retards de paiement des salaires. Il est donc urgent d’agir.
Infos24 : La 2ᵉ édition des Journées d’engagement patriotique et de participation citoyenne s’est tenue du 26 mars au 9 avril 2025. En tant qu’acteur de la société civile, quelle importance accordez-vous à de telles journées pour la vie nationale ?
M. OUEDRAOGO : Ces journées ont été magnifiques. Tout citoyen patriote doit s’impliquer activement, car la cohésion sociale est essentielle.
Nous saluons tous ceux qui ont participé à cette édition, notamment les associations qui ont assaini certains quartiers et débouché des caniveaux. C’est un engagement concret.
Nous souhaitons que ce genre d’initiatives se poursuive chaque jour, chaque mois et chaque année.
Infos24 : Quel est votre mot de fin ?
M. OUEDRAOGO : Nous adressons nos salutations au président du Faso, le capitaine Ibrahim TRAORÉ, ainsi qu’à son gouvernement. Nous invitons également tous les Burkinabè à promouvoir la cohésion sociale.