“Le Front patriotique a voulu que SIGUIRÉ soit membre, il a refusé. Alors que, nous connaissons tous le lien entre ce Front et le journal Evénement” Dr OUEDRAOGO
Lors d'une interview qu'il a accordé au journal Infos24, le samedi 9 mars 2024, Dr Hyacinthe OUEDRAOGO, spécialiste de l’histoire et civilisations africaines, Coordonnateur adjoint du Rassemblement des intelligences pour la souveraineté de l'Afrique, Écrivain et Enseignant-chercheur est revenu sur les dernières actualités qui ont marqué le Burkina Faso et les pays de l’Alliance des Etats du Sahel ( AES). Plus d'informations dans les colonnes de l'interview.
Infos24: Le Coordonnateur du Rassemblement des intelligences pour la souveraineté de l'Afrique, à savoir M. SIGUIRÉ a été esté en justice par la Confédération générale des travailleurs du Burkina Faso ( CGT-B) et le Journal Événement pour une affaire de diffamation, vous en tant que membre de ladite structure, que pensez-vous de cette manière de résoudre les différends ?
Dr OUEDRAOGO: Je pense que c'est une façon de s'attaquer à la transition et indirectement à ceux qui soutiennent la transition. Comme on peut le constater, la CGT-B a fait quatre citations, l'Événement, une citation et le tout a été remis au Coordonnateur le même jour. Ces choses sont connues par tout le monde. Moi je ne vois pas de diffamation, je vois de l'acharnement des ennemis et des opposants de la Transition contre les soutiens de la Transition. Combien de fois, le journal Événement à utiliser des propos à l'encontre de la transition qu'on peut qualifier de diffamations. Combien de fois de fausses informations ont été véhiculées par ce journal sans qu'on ne le poursuive. Selon moi, ces dossiers sont vides de sens parce que dans la forme, cela ne suit pas la logique. Dès le début du procès, le procureur a dit qu'on ne peut pas faire 4 jugements pour les mêmes faits et finalement c'est un seul procès qui a lieu. Cela est une victoire d'étape pour M. SIGUIRÉ. C'est comme si le RISA est une digue qui porte la contradiction, qui arrive à prouver la vérité de par des prises de position lucides et fondées . C'est la raison pour laquelle les déstabilisateurs passent par des structures comme la CGT-B, comme l'Événement. Le Front patriotique a voulu que SIGUIRÉ soit membre, il a refusé. Alors que, nous connaissons tous le lien entre le Front patriotique et le journal Evénement.
Infos24: Que pensez-vous de la création de l'AES?
Dr OUEDRAOGO: Je suis d'accord avec la création de l'AES. Si elle n'avait pas été créée, il fallait la créer. Depuis les indépendances, on a parlé du fédéralisme, du rapprochement des Etats, mais cela n'a jamais été fait. L'Union africaine et le CEDEAO sont venus plus tard consacrés au morcellement. La CEDEAO permet le regroupement des Etats, mais il n'y a pas de fédéralisme allant vers la mise en place d'États fédéraux. Alors que de nos jours, les frontières qui divisent les États sont un héritage de la colonisation. La création de l'AES permet au trois pays touché par le terrorisme de se mettre ensemble pour affronter le défi commun. Un défi existentiel, à savoir les contraintes climatiques, l'oppression de l'impérialisme. Ces défis devraient pousser ces États à se rapprocher pour vaincre le terrorisme et relever tous les autres défis. Pour moi, l'AES ne sera pas simplement une Alliance, elle va évoluer vers la mise en commun des forces militaires pour combattre le terrorisme, à la création d’un marché commun, d’une zone monétaire commune et elle pourra avoir une monnaie affranchie de la tutelle du FCFA et de la France. Et plus tard, la mise en place d'un État fédéral.
Infos24: La CEDEAO demande au pays de l'AES de ne pas quitter l'organisation, quel est votre avis concernant cette demande ?
Dr OUEDRAOGO: La demande de la CEDEAO est absurde. La décision de ces trois pays a été déjà prise et on ne fera pas une marche arrière. Nous allons avancer. Ceux qui ne croient pas à l'AES qu'il s'asseye et qu'il regarde. Retourner, c'est se jeter dans la gueule du lion.
Infos24: À l'issue du sommet extraordinaire de la CEDEAO, il a été décidé de la levée des sanctions contre le Niger, quelle est votre opinion concernant cette décision de la CEDEAO qui fait marche arrière ? Est-ce que l'AES doit retourner ?
Dr OUEDRAOGO: La levée des sanctions est une bonne chose. Les sanctions ne pesaient pas sur les dirigeants mais sur la population. En plus, les pays de l'AES ne sont pas dans une logique de s'enfermer contre les pays de la CEDEAO. Ce n'est pas un conflit contre ces pays. On a décidé seulement de quitter un espace politisé vers un espace où on peut contrôler les politiques, où on peut avoir des décisions de façon concerté pour de futurs projets qui vont participer à la lutte contre le terrorisme. Nous ne sommes pas opposés à une collaboration avec les pays de la CEDEAO mais pas avec la CEDEAO. Cette coopération va se faire de façon bilatérale avec le Ghana, la Côte d'Ivoire, le Togo, entre autres. Il faut que cet élan bilatéral continue mais pas dans une dimension multilatérale imposée par la CEDEAO.
Infos24: Que pensez-vous d'une nouvelle monnaie de l'AES? Est-ce que ces pays sont capables de créer leur propre monnaie ?
Dr OUEDRAOGO: La monnaie de l'AES est une nécessité. Un pays sans souveraineté monétaire ne peut pas aller à la véritable indépendance. Si c'était un seul pays, on pouvait comprendre, mais trois pays. Quand des gens disent qu'on ne peut pas créer une monnaie propre à nous, c'est de l'ironie, c'est de la mauvaise foi. Le Ghana à sa propre monnaie, mais il n'a pas le poids démographique et économique des trois pays de l'AES. Des pays comme la Sierra Leone, le Liberia ont leurs propres monnaies . Beaucoup de pays dans le monde ont leurs propres monnaies et pourquoi les pays de l'AES ne peuvent pas avoir leur propre monnaie. Scientifiquement, ce n'est pas posé. A mon sens, la dynamique enclenchée va se poursuivre avec la création d'une monnaie AES affranchie de toutes influences européenne et française .